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  • Bénédicte Le Gall

Karine Jouan : de la banque aux glaces, il n’y a qu’un pas !

Cette année, les glaces artisanales bretonnes Terres Bleues fêtent leurs 20 ans. D’employée de banque à productrice laitière pour finir glacière : retour sur le parcours singulier de Karine Jouan, la fondatrice de Terres Bleues.


Karine Jouan a grandi en Bretagne, à Lorient. Après avoir obtenu un bac scientifique, elle étudie en école de commerce puis commence à travailler dans une banque. C’est alors qu’elle rencontre Philippe, producteur laitier à son compte dans la ferme familiale. A l’époque, il fait partie du nombre restreint d’agriculteurs bretons à miser sur le lait bio.


La reconversion


Rapidement, Karine commence à s’intéresser au métier de celui qui est devenu son mari, et a envie de rejoindre l’aventure. Elle démissionne de son emploi à la banque et retourne sur

les bancs de l’école pendant 9 mois pour obtenir un Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole. Dans le cadre de cette formation, elle réalise un stage de 4 mois dans une exploitation biologique en Maine et Loire : elle y apprend la transformation du lait en divers produits : beurre, crème, ou encore yaourts. S’ensuit un stage de deux mois à la cidrerie Biopom.


En 2001, elle commence à travailler aux côtés de son mari, dans leur ferme à Cleguerec. Mais un an plus tard, le couple ressent le besoin de voir plus loin que la production laitière : « Nous avions envie de valoriser notre lait, et d’en faire

des produits laitiers » ; « Au début, on a

pensé à la production de yaourts et de fromages, que j’avais observé lors de mes stages, mais on voulait faire quelque chose de différent » confie Karine. C’est alors que germe l’idée des crèmes glacées.


Terres Bleues : les débuts


Karine commence à s’intéresser au sujet et achète un livre sur la technologie de la glace : « Après l’avoir lu, j’avais plein de questions en tête, alors j’ai contacté l’auteur du livre, qui m’a proposé de venir nous former chez lui ». Ils acceptent immédiatement et rentrent en Bretagne une semaine plus tard, connaissant désormais les secrets de fabrication du précieux dessert. Ils achètent les machines nécessaires et commencent à fabriquer chez eux, en petites quantités. Pour élaborer les différentes recettes, le lait est mélangé à des purée de fruits provenant de La Fruitière du Val Evel, installée à Naizin, à une dizaine de kilomètres de l’usine Terres Bleues.


Tout s’enchaîne très vite : construction d’un bâtiment dédié à la fabrication de glaces, achat d’un véhicule pour les livraisons, démarchage auprès des restaurateurs. Avec une exploitation agricole à gérer et une marque de crèmes glacées à lancer, les journées ne sont pas de tout repos : « J’allais moi-même livrer les clients, avec mon fils sur le siège passager de la camionnette ! » s’exclame Karine.


Une ascension fulgurante


Puis, elle décide de voir plus grand et de proposer ses produits en supermarché : « Je suis allée directement dans les supermarchés de ma ville et je leur ai demandé de vendre mes produits ». Si ces derniers acceptent, les particuliers, eux ne connaissent pas encore Terres Bleues, jusqu’alors seulement proposée dans les restaurants. Le couple organise alors des portes ouvertes de leur usine de production pour se faire connaître : « Le dimanche, plus de 600 personnes sont venues, c’était de la folie ! » ; « Nos amis ont même dû enfiler des gilets jaunes pour faire la circulation, il y avait des voitures de partout » se rappelle Karine dans un sourire.

5 ans plus tard, en 2008, Karine et Philippe sont face à un dilemme : à la tête de deux entreprises, ils aimeraient ralentir le rythme. Ils doivent choisir entre la ferme de vache laitières, et Terres Bleues. Par curiosité, Philippe met en vente la ferme sur un site d’annonce en lignes pour voir si des acheteurs sont intéressés : « Trois jours plus tard, l’exploitation était vendue » s’amuse Karine. Heureusement, l’entente est au beau fixe avec les nouveaux propriétaires, et le couple continue de se fournir chez eux pour le lait, ainsi que dans une autre ferme à quelques kilomètres de là. Les glâces et sorbets de Terres Bleues © Bénédicte Le Gall


Des chef(fe)s d’entreprise engagés


En 2020, Karine reçoit le prix « Madame artisanat », qui récompense le travail des femmes qui mettent en valeur les métiers de l’artisanat. Un an plus tard, elle est récompensée de l’ordre du mérite agricole. Elle siège également au conseil d’administration de la confédération nationale des glaciers de France : « Pour le moment le monde de la glacerie est dominé par les hommes : par exemple au sein du conseil, nous ne sommes que deux femmes pour neuf hommes ».


D’ici 2024, est également prévu un agrandissement du lieu de production, toujours dans le respect de l’environnement : « La production de glaces est énergivore et consomme beaucoup d’eau, pour y pallier nous allons intégrer des projets de recyclage de l’eau, ainsi que des panneaux solaires ».


Aujourd’hui, Terres Bleues c’est : 9 salariés sous l’égide de Karine et Philippe, des ventes dans toute la Bretagne et la Loire-Atlantique, et près d’une centaine de parfums différents proposés à la vente !




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